Cette semaine, Bel Air Camp met en lumière son membre Yokler. Anciennement Cyclopolitain, cette startup made in Lyon, fondée sur les bancs de l’EM par Sarah Dufour et Gérald Levy, veut devenir le plus important fabricant français de triporteur électrique.
Bonjour Gérald ! Il y a quelques jours, vous organisiez avec Sarah le lancement officiel de votre nouvelle marque Yokler. C’est un tournant important 15 ans après la création de Cyclopolitain. Vous ouvrez un nouveau chapitre de votre aventure entrepreneuriale ?
« C’est en effet un tournant important pour notre entreprise. Nous passons tout simplement d’un métier de service (la location d’espace publicitaire sur triporteur) à un métier de fabricant où le produit prend une place primordiale. C’était un pivot nécessaire pour franchir un nouveau palier. »
Vous avez créé Cyclopolitain il y a 15 ans à une époque où l’on parlait peu de mobilité et encore moins de vélo à assistance électrique. Pourquoi avoir choisi ce secteur, pas forcément vu comme le plus « bankable » à l’époque ?
« Avec Sarah, nous sommes des entrepreneurs-inventeurs. Nous n’étions pas des cyclistes confirmés mais le thème de la mobilité nous intéressait. On se disait qu’il y avait un créneau à prendre sur les déplacements en ville, sur de courtes distances. Nous avons pensé au triporteur mais en cassant les codes du tuk tuk. »
Dès le départ, vous avez intégré la notion d’assistance électrique ?
« Oui, nous voulions vraiment développer un moyen de transport écologique, accessible et pouvant transporter 2 fois son poids. L’assistance électrique était une évidence dès le début. »
Quelle est votre force vis-à-vis des triporteurs concurrents, voire des autres véhicules éléctriques?
« Avant tout la robustesse ! Nos Yokler sont capables de parcourir plus de 10 000 km/an avec 250 kg de charge utile. C’est considérable pour un vélo, et cela demande un grand savoir-faire. L’innovation de notre produit est beaucoup liée à son rapport poids/charge utile. Il est inversé par rapport à une voiture qui à une charge utile en moyenne 2 fois inférieure à son poids. C’est en cela que notre solution est réellement écologique. »
Pourquoi avez-vous fait le choix de changer votre modèle économique ?
« Nous avons toujours voulu que le triporteur trouve sa place. Pour cela, pendant des années, le meilleur moyen d’y arriver était de louer nos véhicules (dont la fabrication était entièrement sous-traitée) et de vendre de l’espace publicitaire. Cependant, ce modèle commençait à s’essouffler, du fait notamment de la baisse des budgets pub’ des annonceurs. Nous avons donc décidé de passer de la vente de service à la vente de produit. »
C’est un tout autre métier !
« Complètement. Surtout pour moi et Sarah qui ne sommes pas ingénieurs. Nous avons tout appris sur le tas. Quand tu fabriques un produit dans une logique de série, rien ne marche du premier coup, même pas du 30ème ! Mais c’est normal. Au départ, il faut mal faire pour apprendre. Aujourd’hui, nous avons un atelier d’assemblage à Bel Air, avec une équipe resserrée. 70 % des composants de vos Yokler sont Made In France. Nous sommes sur les Starting block pour tripler notre capacité de production. »
Qui sont vos acheteurs aujourd’hui ?
« Nous touchons aussi bien les transporteurs indépendants que des sociétés dans l’alimentaire, les magasins ou les guides touristiques. Nous avons tout récemment vendu 5 Yokler à Carrefour City à Paris par exemple. Autre chiffre notable : 60 % de nos ventes proviennent de l’étranger ! »
Quels sont vos objectifs pour les mois à venir ?
« Aujourd’hui, nous avons les moyens de passer de 100 à 1000 véhicules vendus en ciblant notamment le transport de marchandise. Nous avons un excellent produit, à un prix très accessible (à partir de 5990€HT), avec un marché mondial à conquérir ! Notre principal enjeu est de créer un cercle vertueux et de rendre nos clients fidèles à nos solutions. »
Dernière question qui nous démange : comment faites-vous avec Sarah pour rester toujours aussi unis après 15 ans d’association ? Vous avez un secret ?
« Avec Sarah, nous avons chacun notre territoire de compétence et surtout on se fait confiance et on se respecte énormément ! »