Il a 30 ans. Il a fait ses armes entre la Savoie et la Suisse et vient de quitter Annecy pour Villeurbanne. Son nom de code : JA. Son métier : ingénieur conception mécanique & son nouveau QG : le Tech Park de Bel Air Camp. Cette semaine, nous avons interviewé Jean-Alexandre Bousquet, le prototype manager de Bel Air Camp. Cet ingénieur d’origine alsacienne a longtemps travaillé au CERN (il a même participé à la conception d’un nouvel accélérateur de particule, classe non ?), avant de monter sa startup pour finalement se lancer dans l’accompagnement de startups sur la partie prototypage.
Bonjour JA ! Tu as rejoint récemment le projet Bel Air Camp en tant que Prototype Manager. Forcément, tout le monde veut savoir ce qui t’a décidé à quitter Annecy pour Villeurbanne ?
« Villeurbanne quand même ! Non, plus sérieusement, j’ai toujours aimé le milieu de l’innovation et des startups en général. Pour moi, Bel Air Camp c’est ce que je faisais au quotidien mais puissance 10. Un beau challenge en somme. »
Tu es en charge du Tech Park depuis la rentrée. Peux-tu expliquer aux non-initiés la finalité de ce lieu et son fonctionnement ?
« L’objectif de cet atelier mutualisé est de permettre à nos membres, ainsi qu’aux entrepreneurs de l’extérieur, de pouvoir prototyper n’importe quel objet, de manière flexible et à moindre coût. Nous avons déjà installé une première zone avec une découpe laser, 3 imprimantes 3D de 3 technologies différentes, des outils, une machine à imprimer et découper des stickers… Ces prochaines semaines, nous mettrons en place des commandes numériques pour le bois et le métal et des machines conventionnelles comme des fraiseuses et des tours. Au final, le Tech Park disposera de 4 zones étendues sur plus de 500 m² et d’un magasin pour avoir directement sur place ses matières premières. »
Il y aura aussi tout un volet accompagnement…
« Oui, c’est vraiment une volonté pour l’équipe Bel Air Camp de combler ce manque qu’il y a dans l’écosystème entrepreneurial local. Actuellement, beaucoup de projets sont accompagnés, et très bien accompagnés, sur la partie business mais dès qu’il s’agit de passer à la phase prototypage il existe peu de choses. »
Comment cet accompagnement se déroule-t-il ?
« Vous êtes entrepreneur et vous envisagez de développer un business autour d’un produit physique. Vous m’appelez déjà ! On programme une première réunion pour poser les bases de votre projet. Avec notre réseau d’experts, nous mettons en place la road map du développement de votre produit. Ensuite, vous avez deux options : soit vous choisissez de faire vous-même soit vous nous confiez la réalisation.”
Quels conseils donnerais-tu aux entrepreneurs qui veulent se lancer ?
« Bien souvent, les porteurs de projets veulent un objet qui fasse tout, tout de suite. C’est une erreur. Il faut d’abord valider les fonctions essentielles. La deuxième erreur est de fabriquer le produit avant de valider son business. Même si votre produit est génial, comble-t-il vraiment un manque chez le consommateur ? Voilà l’une des questions qu’il faut se poser ! »
Oui, toujours vérifier si le marché existe…
« Exactement. Je conseillerais même de lancer un MVP sur papier. L’entreprise Fitbit a commencé comme ça, avec un site web, une animation CAO. Ils ont même mis en place une vrai e-boutique pour voir si les gens étaient prêts à cliquer sur le bouton achat. Résultat : ils ont eu des milliers de demandes. Et c’est grâce à ces chiffres qu’ils ont pu lever des fonds et lancer leur production. »
Et quid de l’industrialisation ?
« C’est vraiment une étape à part. très différente de celle du prototypage. Cela ne demande pas du tout les mêmes outils, ni les mêmes compétences. Tu ne passes en phase d’industrialisation que lorsque toutes les fonctions de ton produit ont été testées, validées, retestées, revalidées par le client. Il faut faire pas mal d’essais-erreur au final ! »
Pour finalement délocaliser sa production en Chine !
« Il faut être pragmatique sur cette question de l’industrialisation. Mon avis est, qu’en France, aujourd’hui, on peut tout fabriquer. Mais à petite échelle et pour des produits sans doute haut de gamme. Après, soyons clair, en 2017, pour de la production de masse, les Chinois font partie des mieux placés pour répondre à la demande. Que ce soit en Chine ou ailleurs, nous vivons dans un monde de plus en plus globalisé. L’enjeu est d’utiliser les meilleurs outils aux meilleurs endroits. Chacun sa spécialité ! »