“Le vélo donne cette possibilité d’introspection”

Avr 28, 2022 | Crypto'Talks

Objet de locomotion, objet d’art, objet sportif. Le vélo est devenu un incontournable de notre quotidien ! Valentin Ducommun & Bastien Bailly m’ont présenté Velograma, leur société qui tend à valoriser le patrimoine cycliste français, italien et européen. 

Bonjour Bastien et Valentin ! D’abord, merci de m’accueillir dans votre atelier. Je vous laisse vous présenter ?

Bienvenue chez nous Camille !

Je suis Bastien, passionné de vélo depuis… toujours ! Enfant, j’habitais dans un petit village et, le seul moyen d’aller voir mes copains était de prendre mon vélo. Depuis, j’emprunte rarement les chemins les plus courts, l’envie de voir jusqu’où mon vélo peut m’emmener.

J’ai d’abord fait des études en mathématiques et statistiques, un milieu dans lequel j’ai travaillé pendant quelque temps, pour finalement revenir à mes premiers amours : le vélo. J’ai alors passé un CQP (Contrat Qualifiant Professionnel) pour apprendre les bases de la mécanique vélo. Après plusieurs stages chez Décathlon, j’ai voyagé en Amérique du Nord. A mon retour, j’ai travaillé chez Uber Eats qui venait tout juste de se lancer à Lyon. J’ai commencé en tant que coursier, avec Valentin d’ailleurs, puis j’ai rapidement évolué au poste de Chargé de développement de la région Rhône-Alpes.J’ai démissionné en 2020 pour me lancer, mais avec Valentin et David (le troisième associé) on s’est vite rendu compte que c’était plus pertinent de se lancer à trois vu notre complémentarité. 

Moi c’est Valentin, j’ai la fibre design, communication, musique et vélo. J’ai rencontré Bastien il y a treize ans, à Lyon. On faisait beaucoup de courses sauvages, du vélo alternatif dans un contexte urbain. David est un ami d’enfance, il est moins passionné de vélo que nous, mais il est couteau-suisse et curieux de tout.

Qu’est ce qu’on fait chez Vélograma ?

Nous réparons, restaurons, rénovons et vendons des vélos et des pièces détachées d’occasion partout dans le monde, le tout dans un but de valorisation du patrimoine cycliste français, italien, européen.

Le désir de vouloir travailler de manière européenne, c’est déjà parce que c’est notre emplacement géographique actuel, en France. Mais c’est aussi le berceau historique de l’industrie cycliste française et européenne avec, par exemple, le bassin stéphanois, la vallée du Rhône, Sochaux, jusqu’au Nord de l’Italie. De nombreuses matières premières nous proviennent d’un peu partout en Europe.

Parlez-moi de l’identité de Velograma

On a créé la société en avril 2021, le nom nous est venu assez facilement. “Velograma”, grama, la grammaire du vélo, c’est l’amour du vélo. Et puis grama c’est proche de “gamma” qui veut dire “trois” en grec. Vu qu’on s’est lancé à trois, c’était logique. En plus, vu notre portée européenne, on voulait un nom qui puisse se comprendre même à l’étranger.

Que comporte votre offre ?

Cataloguer et inventorier pour créer une Base de Données de pièces détachées qui retrace les décennies, des années 70 à aujourd’hui. On prend en photo, on pèse, on essaye de comprendre les évolutions techniques au fil des ans pour avoir cette frise chronologique de l’industrie du vélo.

Dès qu’on a une pièce qu’on a jamais vu entre nos mains, on la démonte, on la nettoie, on essaye de comprendre comment elle fonctionne et ensuite on va la répertorier dans notre BDD. A l’époque, on s’embarrasse moins de tout documenter. S’il y a une petite différence entre deux séries de moules, ce n’est pas grave. Nous, au contraire, on veut retracer et comprendre cette différence. On va créer des modèles de compatibilité en fonction des pièces que l’on trouve.

Notre boutique EBAY pour la vente de pièces détachées valorisées représente 75% de notre activité. Notre compte Instagram a également de plus en plus d’impact, on le nourrit de notre activité et de notre quotidien à l’atelier. Il faut savoir que l’univers du vélo est très photogénique, ce réseau social est donc tout à fait adapté. Notre souhait est de devenir une entreprise à mission sociale et sociétale, nous voulons créer des emplois en propre, ou au moins réorienter des gens dans le vélo. On souhaite aussi développer un atelier mobile pour être au plus prêt des usagers.

Quelle est votre plus belle pièce ?

Bastien travaille actuellement sur de superbes restaurations de vélos, comme le Wolhauser que tu vois. C’est le 3ème qu’on restaure, et il sera notre plus vieux vélo, il date des années 60, plutôt brillant et bling-bling, avec un cadre complètement chromé et des pièces qu’on polit à fond.

D’ailleurs, on a de nombreux parallèles avec Wolhauser ! Ancienne boutique lyonnaise installée Avenue Berthelot, dans le 7ème, rue vers laquelle nous avons longtemps habité. Il était suisse mais installé à Lyon et était originaire du Jura. Valentin est né à Genève, ses grands-parents viennent du Jura aussi. Pour sa petite histoire, il n’a jamais fabriqué de vélo, mais a toujours su s’entourer des meilleurs cadreurs italiens, des meilleurs fabricants de matériel… Les vélos Wolhauser sont reconnaissables par leur montage aux marques variées. Ils sont magnifiques, uniques et font partie intégrante de l’Histoire du vélo à Lyon. On s’est donné un seul défi : toujours avoir au moins un vélo Wolhauser dans notre atelier !

Velograma en chiffres ça donne quoi ?

Depuis la création, c’est une cinquantaine de vélos et environ cinq cents pièces détachées vendus à Hawaï, au Japon, en Allemagne… On voyage des années 70 aux années 2000 ! Pour la petite anecdote, Bastien est un grand collectionneur, il a une quinzaine de vélos dans son garage. La passion du vélo jusqu’au bout !

Si on parle vélo, on parle aussi écologie. De quelle manière l’écologie vous touche ?

Consommer mieux, local et durable, c’est exactement lié à l’industrie du vélo. On touche forcément à l’économie circulaire. D’ailleurs, depuis que nous sommes arrivés chez Bel Air Camp, nous n’avons jamais acheté un seul emballage carton ni rembourrage pour nos colis. Nous récupérons ceux encore en bon état des autres membres de la communauté, tout simplement. 

C’est quoi votre vision de l’entrepreneuriat ?

C’est notre première aventure en tant qu’entrepreneur, nous étions plein d’appréhension ! Exemple très concret, nous avons passé des semaines à réfléchir au choix de notre statut juridique.

L’entrepreneuriat c’est travailler pour soi et être fier de ce qu’on fait. Il ne faut pas chercher à gagner de l’argent tout de suite à la fin du mois, mais il faut réellement vouloir s’épanouir. A l’époque, je pense sincèrement que nous étions tous les trois dans ce virage où l’épanouissement nous manquait cruellement. Le sentiment de liberté est très partagé entre nous trois puisque nous sommes les trois seuls actionnaires de la société.

Parlons passion, qu’est qui vous plaît dans le vélo ?

L’universalité, la simplicité, le fait que ce soit un objet sociétal. Le vélo donne aussi cette possibilité d’introspection. Si tu veux être tout seul, tu peux être tout seul.

Qu’est ce que vous recherchiez en venant chez Bel Air Camp ?

On avait peur de se retrouver seuls face à nos vélos, donc être dans un tiers-lieux nous semblait être une bonne idée pour pouvoir rencontrer d’autres acteurs.

En vivant à Bel Air Camp, on a rencontré des gens assez incroyables, par leurs projets ou leurs parcours. On s’est rendu compte d’opportunités en échangeant avec des interlocuteurs qui nous ont fait réfléchir autrement. Les rencontres et les conseils qu’on a obtenu nous ont beaucoup aidé !

“Bon je vous laisse, j’ai mon vélo à frotter !” Nous annonce Bastien pour conclure !